Lennie _ We won't just survive!

Qui nous sommes, et qui nous devons être pour survivre sont deux choses complètement différentes. Papa me le répétait tout le temps quand je lui demandais pourquoi la vie est devenue ce qu'elle était et pourquoi certains font ce genre de choses. Se battre, tous les jours, afin de vivre est devenu le quotidien de tout le monde. Ou du moins, tous ceux qui vivent en ville, comme moi. Si vous souhaitez savoir qui je suis, je dirais que je ne suis pas quelqu'un d'important. Papa disait que j'étais incroyable.

Je suis née un 15 Octobre, du moins ce que le médecin que m'a emmenée voir papa a déduis en regardant la croissance de mon corps. Quoi qu'il en soit, c'est la date qu'ils ont décidé de choisir pour mon anniversaire. Car oui, mon père n'est pas réellement mon père. Il m'a trouvée lorsque je n'avais que trois ans. Une fusillade avait eu lieu en ville, et alors qu'il marchait avec Nathan, ils m'ont entendue pleurer. Le corps de ma mère était par terre, sans vie, sa Timelife réduite à néant avec une multitude de chiffres zéro. Et j'étais là, à côté, en pleurs et les genoux écorchés. Ma mère avait voulu me protéger et je n'avais eu que quelques égratignures. Papa et Nathan n'avaient pas réfléchi un seul instant, et ils m'avaient prise avec eux. Arrivés à la maison, ils se sont occupés de me soigner et de me calmer. Ils m'ont fait manger, et m'ont couchée dans le lit de Nathan. Et j'y suis restée. Quand papa s'est rendu compte que personne ne me cherchait, il a fait une demande d'adoption, qui a mis un bout de temps mais qui a fini par être acceptée. A ce moment là, il m'a donné un nom, que Nathan avait pris la peine de choisir. Lennie. J'ai toujours voulu savoir pourquoi, jusqu'à ce que je tombe un jour sur une vieille photo cachée dans un tiroir. Il y avait une photo de papa, et de Nathan avec une jeune femme blonde. Elle était récente puisque Nathan était jeune. Cela devait être à peu près l'époque où ils m'avaient recueillie. J'avais retournée la photo et derrière j'avais vu écrit trois simples prénoms et une date. « Eléanore, Nel et Nathan. 12 Août » Et tout s'était goupillé. Je n'avais jamais posé de question à papa ou à Nathan sur Eléanore, sur la raison pour laquelle elle n'était pas là car je me disais, que s'ils ne m'en parlaient pas eux même, alors c'est qu'il y avait une raison. La femme sur la photo était belle, et j'avais remarqué comme elle semblait bien habillée. Tout autour sur la photo était beau et propre, et j'en avais déduis que c'était peut-être ça, le Nord. Et si papa avait déjà vécu là bas ? Je n'avais jamais rien dit, et gardé ces infos pour moi. Tout avait une raison.

Après ça, papa et Nate avaient commencé à m’entraîner. Soit-disant que j'étais en âge d'apprendre à me battre. Il fallait que je sache me défendre, car à mes dix-huit ans, la guerre pour la survie débuterait. J'avais eu du mal à comprendre, pourquoi j'avais ces chiffres sur mon bras, mais Nate m'avait très bien expliqué que c'était normal. Tout le monde en avait. Il ne me quittait jamais, ou alors rarement. Quand nous étions à l'école par exemple. Au fil des années, j'ai pris en niveau, je savais me battre à peu près convenablement, et j'avais eu le droit à des cours sur les armes. J'avais été un peu choquée de tenir un pistolet pour la première fois. Nate avait rit, avant de m'expliquer que je ne pourrais rien faire avec vu qu'il n'était pas chargé. Ça m'avait détendue, et j'avais pu ensuite me concentrer pour en apprendre un peu plus.

Quand j'ai eu dix-huit ans, papa avait fait une petite fête. Rien de bien sérieux, juste Nate, lui et moi. Il avait fermé le bar qu'il tenait dans la Souna pour qu'on puisse passer une soirée tranquille, en famille. Ils m'avaient gâtée, avec des choses de la vie qui sont plutôt chers et difficiles à trouver. Quand j'y pense, je crois qu'il y avait ce qu'on appelle du Chocolat. Oui, c'était un super cadeau. Nate m'avait offert un couteau, qu'il avait gravé avec mes initiales sur le petit manche en bois. C'était pour que je puisse toujours me défendre, où que je sois. C'est comme ça qu'on a découvert que j'étais à part. On a voulu faire un jeu, assez débile je le conçois. Papa nous l'avait dit en plus. On a joué à se balancer le couteau, de main à main, en veillant à toujours le rattraper côté manche. Mais je me suis loupée, et la lame m'a coupé. Une petite entaille dans la paume qui aurait du faire s'accélérer le décompte présent sur mon bras. Mais rien n'a bougé, si ce n'est la goutte de sang présente sur ma peau. On a ensuite essayé de comprendre, pourquoi et comment. Bien sûr, papa n'a pas voulu que trop de gens le sachent, au cas où cela me mettrait en danger. On a gardé mon secret bien gardé. Au fil du temps, d'autres comme moi se sont révélés au grand jour, si bien qu'à force, ils ont été surnommé les « Strangers ». Etrangers. Est-ce que je suis une étrangère ? Un monstre ? Papa me disait que j'étais un don de dieu. Mais que personne ne devait le savoir, car tout le monde veut ce qui est extraordinaire. Il nous a toujours protégé, continuant d'entretenir de bonnes relations avec tout le monde grâce à son bar. Nate et moi l'aidions assez souvent, les jours où il y avait beaucoup de monde. C'est comme ça que j'ai compris qu'il connaissait pas mal de gens du Nord. Et peut-être était-ce pour cela que nous n'avions jamais eu aucun contrôle sur notre sang. Une chance pour moi.

Papa est décédé lorsque j'avais vingt-et-un an. Ce soir là, nous rentrions tous les trois d'une soirée au bar, et il y a eu du grabuge en ville. On a cherché à savoir ce qu'il se passait avant de découvrir la maison d'une de nos voisines, Samantha Blaine, une vieille dame travaillant à la banque, que personne ne savait comment elle arrivait à avoir encore des heures. Des flammes sortaient de toutes les fenêtres, et on entendait ses cris à l'intérieur. Elle était encore en vie. Bien entendu, c'est papa qui a sauté sur l'occasion pour aller la secourir. Il a couru, alors qu'on avait essayé de l'en empêché. Nate avait voulu le suivre, mais je l'avais rattrapé. Je n'étais pas prête à les voir tous les deux à l'intérieur. Mais le temps avait paru bien long depuis que papa était entré. Au bout d'un moment, la maison s'est effondrée, alors que papa et madame Blaine n'étaient pas ressortis. J'avais eu mal, j'avais pleuré, j'avais hurlé. Cela ne pouvait pas être vrai. Et si. Nate et moi étions rentrés, lorsque les pompiers avaient pris le relais. On ne voulait pas les voir, car on aurait sans doute été méchants.

Les jours qui suivirent avaient été compliqués à gérer. Les paperasses, le bar, et la douleur nous avaient rendu la vie dure. Mais Nate et moi, on était soudés. On s'était promis de ne jamais baisser les bras et de toujours s'entraider. On avait décidé de reprendre le bar de papa, car c'était son affaire, et qu'on ne voulait pas laisser partir ce qu'il nous restait de lui. Ça et la maison.

Les années défilaient doucement, et la vie prenait une routine que jamais on aurait imaginé. Se lever, manger, aller travailler, faire attention dans les rues, se battre, se soigner.... Je n'aimais pas me battre, mais malheureusement, cela m'arrivait bien plus souvent que ce que je pensais. En général, j'essayais toujours de fuir, mais je savais que je ne pourrais pas toujours le faire. Une fois. Une fois seulement je me suis servie de mon arme pour toucher quelqu'un, et le goût amer que ça m'a laissé dans la bouche me revient encore en mémoire aujourd'hui. J'ai couru, très vite, jusqu'à ce que j’aperçoive la maison. Je me suis enfermée dedans, et j'ai pris une grande bouffée d'air. LA vie est injuste. Encore aujourd'hui quand je rentre le soir je reste sur mes gardes, à l'affus du moindre soucis qui pointerait le bout de son nez. Mais si avant le nombre de mes heures était ce qui devait m'importer le plus, désormais c'est Elys qui me fait peur. Papa m'a dit de me méfier d'eux, et c'est ce que je vais faire.